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Blog de Xavier de Roux
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15 mai 2006

Le Juge, le Corbeau et les Renards

Quand on regarde à la télévision un film policier, il faut généralement attendre la fin pour comprendre le scénario.

L’affaire Clearstream est un polar plutôt hard, mais l’on est en train de comprendre que ce qui semblait être un scandale politique, était d’abord une énorme bavure judiciaire, commise à l’occasion d’un règlement de comptes entre deux géants de l’armement, E.A.D.S et THOMSON que certains voulaient marier contre leur gré.

Jean Louis Gergorin, brillant diplomate et numéro 2 d’E.A.D.S a toujours aimé les histoires de James Bond, les espions venus du chaud ou du froid, les manipulations et les coups tordus.

C’est ainsi que pour destabiliser ses amis du groupe THOMSON, il a monté cette affaire compliquée de comptes étrangers traités au Luxembourg, en faisant fabriquer de faux listings impliquant de vraies personnalités, qu’il a décidé de transmettre à un Juge d’instruction pour lancer une « affaire » de nature à salir l’adversaire, ce qui est une spécialité très française.

Pour son montage, Monsieur Gergorin n’a pas choisi un perdreau de l’année, il a choisi le Juge Van Ruymbeke, celui qui instruit depuis des années et sans résultat, sur le sort de commissions qui auraient été versées à l’occasion de la vente de frégates à Taïwan, mais qui s’est rendu très célèbre dans le monde de la délinquance en col blanc. Il a par exemple, réussi à briser la carrière politique de Gérard Longuet, qui, dénoncé lui aussi anonymement, a finalement été acquitté de toutes les charges que le juge avait réunies contre lui.

Ce spécialiste des dossiers difficiles est tombé dans le panneau de Gergorin, en le recevant secrètement, hors de son bureau, dans le cabinet d’un avocat.

Durant cet entretien, l’homme d’E.A.D.S. lui aurait expliqué toutes les turpitudes de son concurrent, les dangers que courait l’industrie française, et surtout se serait engagé à lui remettre les fameux listings, ce qui fut fait trois jours plus tard, sous la forme anonyme, mais le juge évidemment, connaissait parfaitement le nom du corbeau, qui était aussi un faussaire, puisqu’il l’avait rencontré.

Pour pimenter cette dénonciation anonyme, le corbeau faussaire ajouta, pour faire joli, quelques noms d’hommes politiques de tous bords, Strauss Khan, Chevènement, Madelin, et surtout Sarkozy.

Le juge commença donc ses investigations, et fort de cette caution judiciaire, le corbeau alla expliquer cette fantastique affaire au Premier Ministre, dont il avait été le patron autrefois au Quai d’Orsay.

Très vite, il apparut, tant au juge qu’aux services secrets, qu’il s’agissait d’une affaire bidon. Mais on laissa mariner, évidemment, pour que la rumeur et le soupçon atteignent Nicolas Sarkozy.

Ce n’est pas la première fois que l’on joue à ce jeu dans notre République. Souvenons nous de l’affaire de l’Observatoire de François Mitterrand, ou encore plus récemment, de Georges Pompidou et de l’affaire Markovic.

Nicolas Sarkozy et les autres déposèrent plainte pour que l’on trouve le corbeau. Or la justice, depuis le premier jour, le connaissait parfaitement et n’en disait rien, laissant l’affaire prendre les proportions que l’on sait.

Sans le silence de Van Ruymbeke, il n’y aurait pas eu d’affaire Clearstream !

Pourquoi un juge expérimenté connaissant un coupable le protège-t-il ?

Pourquoi un juge expérimenté laisse-t-il prendre une proportion médiatique et politique considérable à ces faits qu’il sait faux ?

Cela évidemment n’excuse pas les manœuvres de basse police qui ont été ensuite déployées à partir de rien, pour tenter d’éliminer un concurrent politique, et qui ont démontré l’extraordinaire naïveté de leurs auteurs.

Plus sérieusement, puisque les coups bas en politique existent depuis que le monde est monde, la procédure Clearstream, démontre une fois de plus, l’état de notre système de procédure pénale, et le rôle tout à fait dangereux que peut y jouer le juge d’instruction.

Ce rôle, mis en lumière par la commission parlementaire créée après l’affaire d’Outreau, montre une fois de plus ces limites et ces dangers.

Il faut rejoindre les constatations et les propositions de personnages aussi éminents du monde judiciaire, que sont le Président Canivet, le Procureur Général Burgelin, le Juge Fenech, Maîtres Soulez Larivière, ou encore Jean Loyrette, pour profondément modifier en France l’instruction, afin que la vérité échappe enfin à la provocation.

Xavier de ROUX

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